Auteur de l’article
Luigi Morelli
Quand on me dit “voyage” je pense au Seigneur des Anneaux, aux Lettres Persanes au Secret de Brokeback Mountain.
Cependant, en tant que jeune journaliste, je m’intéresse à plein d’autres sujets de société, culturels, politiques, et c’est à l’occasion de mon stage de fin d’études que je me lance dans l’aventure Wheeled World avec Pierre et Myriam pour perfectionner mes compétences!
Des 25 pays que nous avons visité en fauteuil roulant, les trois les plus accessibles sont les Etats-Unis, le Canada et l’Australie. Trois pays développés parfaits pour accueillir les personnes à mobilité réduite.
Nos critères d’évaluation comprennent l’accessibilité des hébergements, l’accès aux infrastructures touristiques urbaines (musées, restaurants…), la qualité des transports, l’information et l’accès à la nature, et l’adaptation des activités outdoor, et sont basés sur notre expérience personnelle ainsi que sur les informations que les pays proposent aux touristes.
Les voyages et lieux touristiques ne sont pas similaires aux lieux de tous les jours et aux activités quotidiennes des PMR locales.
Les Etats-Unis
Le pays de l’Oncle Sam n’en a pas fini de nous surprendre sur le plan accessibilité. Un pays neuf, grand, et qui protège les droits des personnes handicapées.
L’accessibilité des hébergements
Les hébergements en hôtels comportent, pour la majorité des établissements, des chambres destinées au personnes à mobilité réduite. Il est très facile de réserver et de payer pour une chambre. Certaines peuvent parfois être un peu plus chères que des chambres standard, car plus grandes et nécessitant plus de travaux. Même au fin fond du pays, les mauvaises surprises sont rares. La majorité des chalets et lieux pour campeurs sont équipés de salles de bain avec poignées aux toilettes et dans les douches. Les lits peuvent parfois être un peu hauts. Appelez tout de même l’hôte pour demander toutes les informations nécessaires avant de réserver.
La qualité des transports
Les immenses voitures américaines peuvent tout à fait stocker un fauteuil roulant lorsque vous conduisez sur de longues distances. Une association sur le handicap, la ADA (Americans with Disabilities Act), a porté une loi qui protège les personnes handicapées de discrimination dans tout le pays. Cela implique la nécessité de construire un environnement urbain adapté à tous. Vous ne serez jamais ennuyé non plus face à un bus, un tramway ou un train où les moyens sont mis en place pour vous conduire à bon port. Un vrai soulagement niveau charge mentale. Les grandes villes comme New-York, San Francisco ou Los Angeles sont des bastions démocrates ; ainsi s’appliquent des politiques inclusives pour tous. Ayant visité la ville du Golden Gate bridge, San Francisco peut se révéler challengeant quand on roule ; la ville est construite sur une immense colline ! Nous vous conseillons un fauteuil électrique ou une troisième roue électrique si vous êtes en fauteuil roulant manuel pour faciliter les montées.
Accès aux infrastructures touristiques urbaines
Pour ce qui est mobilité urbaine, les Etats-Unis sont n°1 mondial. Le pays est immense, et ceux qui l’ont bâti ne se sont pas gêné pour construire d’immenses villes et d’immenses routes, pour y faire rouler leurs voitures. Un avantage lorsqu’on circule sur roues ! Larges trottoirs plats, places de parking larges, et toutes les entrées des bâtiments publics (musées, restaurants) offrent des rampes d’accès ou des plateformes élévatrices.
Information et accès à la nature
Concordant avec les transports, les Etats-Unis est le pays où l’accès à la nature et aux activités est la plus simple. Nous avons visité le parc de Yosemite, qui comme tous les grands parcs américains bénéficient d’une bonne dose de budget pour le tourisme et la conservation du lieu. Malgré les sentiers caillouteux et les lacs, une paire de roues tout-terrain les surmontera habilement. Les grandes randonnées s’offrent à vous ! Les rangers des parcs sont formés à indiquer les bons chemins, damés, aux utilisateurs de fauteuil roulant.
Adaptation des activités en pleine nature
Elles sont toutes- ou presque- accessibles, en théorie. Il n’y a pas de contrainte technique pour une randonnée ou un tour de bateau sur un lac. Seulement, certains responsables d’activités peuvent se montrer réticents à vous proposer une alternative pour éviter des problèmes d’assurance. Ils peuvent craindre un accident en vous aidant lors d’un transfert. N’hésitez pas à contacter les moniteurs des activités pour les informer sur vos capacités.
Si ces activités vous tentent, vous retrouverez toutes nos expériences aux Etats-Unis.
Le Canada
Les terres polaires du Grand Nord, de Céline Dion et du sirop d’érable sont en avance sur les sujets d’inclusion.
L’accessibilité des hébergements
Assez bien développée, avec de larges portes et couloirs, l’architecture intérieure Canadienne comporte cependant deux points noirs : l’abondance de baignoires et de lits trop hauts dans les hôtels. Certains sites peuvent comporter peu d’informations; nous vous conseillons de bien chercher et demander des précisions sur les installations avant de réserver pour éviter une mauvaise surprise. Les AirBnb sont en général moins accessibles. L’offre étant plus restreinte dans les petites villes, il sera un peu plus compliqué de trouver un logement accessible.
Accès aux infrastructures touristiques urbaines
Le Canada est un pays très progressif, et les grandes et petites villes se sont adaptées. Les bâtiments publics sont appropriés à l’aide de plateformes élévatrices, ou de pentes. Les trottoirs sont larges et peu élevés, avec une architecture et une gestion de l’espace similaire à celle des Etats- Unis. Les magasins et restaurants peuvent arborer parfois une petite marche. La majorité des toilettes publiques sont aussi adaptées, avec barres d’appui.
Le Québec et les villes de Québec et Montréal sont des villes construites en fonction de leur climat: pour protéger les bâtiments de la neige, les bâtiments sont surélevés. Quelques marches sont à prévoir.
La qualité des transports
Le métro de Toronto dispose de larges allées et de dossiers pour placer votre fauteuil. Les ascenseurs sont systématiques à chacune des trente stations. Si le Canada francophone vous tente, le réseau de transports de Montréal et ses alentours est bien développé mais seulement quelques stations disposent d’ascenseurs. De grands travaux sont en cours afin de respecter l’article 67 de la loi Canadienne qui garantit l’intégration des personnes handicapées en intégration scolaire, professionnelle et sociale. Aujourd’hui, une quarantaine de stations sont équipées, soit ~75%. Les titres de transports peuvent directement être achetés sur Internet pour faciliter votre circulation dans les gares.
Les autres grandes et moyennes villes du pays sont en général bien équipées également.
Coup de cœur sur Le Canadien, un grand train avec lequel nous avons pu traverser le pays de Toronto à Vancouver: on a adoré la cabine accessible du train!
Le pays se traverse aussi de long en large en voiture. De longues routes vous attendent. N’oubliez pas les pneus neige si vous traversez en hiver !
Information et accès à la nature
Toutes les informations sur les sites ou pages web des parcs nationaux sont fiables et faciles à trouver. Les infrastructures sont avancées, et tout comme aux Etats-Unis, les parcs nationaux et les lacs dans les différentes provinces sont tout à fait handi-friendly. Des professionnels des parcs sont à votre disposition si vous avez besoin d’aide. Le parc national de Jasper nous a convaincus ! Ses sentiers et ses rampes sont adaptés, et les nombreuses toilettes dans les parcs sont adaptées pour les personnes à mobilité réduite. Le gouvernement met également à disposition dans de nombreux parcs des tapis d’aide pour accéder aux plages, des fauteuils de bain, pistes damées, et même des voiturettes électriques si les sentiers sont trop caillouteux ou avec un fort dénivelé. Le Parc de La Pointe-Taillon, au Québec, nous a prêté un vélo adapté. Que des bons plans pour accéder à la nature !
Adaptation des activités en pleine nature
De la même manière qu’aux Etats- Unis, l’on peut profiter facilement de la pleine nature. Cette fois, les propriétaires des activités outdoor ont la capacité d’adapter facilement chaque activité pour les utilisateurs de fauteuil roulant. Faire du patin à glace ? C’est possible ! A Winnipeg, une étape de notre virée en train, Pierre a été installé sur un fauteuil de para-hockey, une variante du sport par excellence du pays. Le traineau sera votre allié pour les balades avec une flopée de chiens qui vous tireront à toute vitesse entre les sapins. D’autres activités sont possibles pour les autres saisons : le vélo de descente est un bon moyen de découvrir les forêts Québécoises.
Le petit + : Les Canadiens sont bienveillants en matière de handicap, et sont toujours prêts à aider en cas de souci.
Vos roues ne vous gêneront aucunement lors de la visite du pays ; vous pourrez déguster sans crainte une poutine et rouler dans la neige. Elle constitue le seul obstacle potentiel, mais très souvent dégagée. Quelle que soit la saison, il y aura toujours une activité ou une sortie en pleine nature possible. Retrouvez tous nos itinéraires au Canada juste ici.
L'Australie
Pour finir, traversons tout l’océan Pacifique vers un pays-continent à la faune et la flore uniques au monde.
L’accessibilité des hébergements
Comme au Canada, les logements sont un peu plus nichés qu’aux États-Unis, mais ils sont aux normes quasiment partout. La majorité des hôtels disposent de chambres respectant les normes pour les personnes à mobilité réduite.
Accès aux infrastructures touristiques urbaines
Dans l’espace urbain, on s’en sort bien en tant que touriste. Pour n’importe quel restaurant ou musée, les indications présentes sur Google sont très fiables. Si besoin, il y a très souvent un ou deux boutons pour ouvrir automatiquement les portes d’accès.
Aucun problème concernant le stationnement avec de larges espaces. Pensez à demander une carte spéciale au gouvernement australien avant votre arrivée pour accéder aux places PMR tant convoitées. Tout comme les avions, les ferries, très empruntés, le sont aussi ; à base de pentes, voire de plateformes élévatrices pour les étages supérieurs.
Concernant la grande ville de Sydney, une seule infrastructure est une ombre au tableau de l’accessibilité. Le Harbour Bridge, surplombant l’Opéra et traversant la baie n’est malheureusement pas accessible : il faut emprunter des marches pour y admirer la baie. Toutefois, en empruntant le ferry, vous profiterez de la vue en-dessous du pont et de la baie au niveau de l’eau. L’Opéra, le monument le plus visité du pays est parfaitement accessible. Rampes et plateformes vous attendent afin que vous puissiez admirer la monumentale architecture depuis l’intérieur. Si comme nous, vous y passez un Nouvel An afin d’assister au superbe feu d’artifice Sydnéen ; rendez- vous sur les lieux dans l’après midi car les places sont rares !
Les rues sont perfectibles, mais elles ont le mérite d’être assez larges, surtout dans les grandes villes. Les autres piétons constituent les seuls obstacles sur votre passage !
La qualité des transports
Il existe beaucoup de renseignements sur les bus et les métros. Petit aparté sur le métro de Sydney : le métro de la plus grande ville du pays est très bien pensé. Les rames sont toutes automatiques et sans marchepied ; nul besoin de solliciter l’aide d’un conducteur pour y rentrer. Il est aisé de reconnaitre les espaces où positionner votre fauteuil ; juste à côté des portes coulissantes. Il possède un outil rare : un panneau d’aide. De petites unités sont mises à disposition. Pressez le bouton en cas de besoin et une personne vous répondra au mieux.
Le petit + : le métro abrite des toilettes gratuites et adaptées dans les plus grandes stations !
Le réseau ferroviaire n’est que très peu développé sur l’île continent ! Louer une voiture reste la meilleure option. Certains états demanderont un permis international. Bon à savoir : il est possible de louer des voitures adaptées dans les grandes villes. Attendez-vous à de longues, très longues distances…
Information et accès à la nature
Pour aller en randonnée et autres lieux excentrés, les véhicules aménagés sont répandus. Incroyable ; si vous disposez de peu d’informations sur l’accès à la nature australienne, le gouvernement en a pour vous ! La région de Victoria a travaillé sur l’accessibilité de ses parcs en postant quelques vidéos détaillées pour les utilisateurs de fauteuil roulant, avec mise en situation dans les espaces naturels, itinéraires dédiés et une cartographie des toilettes accessibles. Pour visiter les Blue Mountains, c’était idéal : sentiers aménagés et téléphérique accessible… Que demander de plus ?
Comment passer par l’Australie sans voir de ses propres yeux les déserts ! Le bush australien représente une immense partie du territoire, et en son centre, les Terres Rouges. Le centre de l’île est un grand désert sec et surtout très chaud. L’on avoisine les 50°C en pleine journée, donc il sera impératif de se munir de grandes quantités d’eau pour le traverser. Les déserts sont assez sauvages, et du fait, relativement peu explorés. Il y a peu de sentiers accessibles mais quand ils le sont, vous pouvez vraiment profiter de l’endroit. Il existe plusieurs hôtels accessibles- privilégiez les chaînes, qui sont généralement mieux équipées.
Adaptation des activités en pleine nature
Coup de cœur sur les trois plages de Sydney qui ont de bonnes réputations pour accueillir surfeurs, plongeurs et skaters. Vos roues vous fonderont dans la masse de sportifs atypiques ! Bien que bondées en été, il y aura de la place pour vous, votre fauteuil et vos accompagnants. La plage de Bondi est l’une des plus accessibles, avec une mise à disposition de vestiaires comprenant douche avec siège, toilette et sa barre d’appui, ainsi qu’une table à langer si besoin. Il suffit de se rendre au poste de secours pour demander la clé. Les maîtres-nageurs vous fourniront les fauteuils de bain, de type Hippocampe. Les plages de Newcastle, un peu plus au nord, ont le même système d’accueil.
L’Australie est un des pays les mieux placés pour observer la Grande Barrière de corail. Cela dit, pour la découvrir de plus près, il vous faudra plonger ! Bien que l’accès au bateau soit peu pratique, il sera tout à fait possible de plonger au milieu des coraux et poissons si votre condition vous le permet.
Boing boing ! Vous aussi pourrez visiter Kangaroo Island, un immanquable de la côte Sud. Comme tous les ferries, plébiscités dans le pays, celui-ci pourra vous transporter à l’aide d’une rampe d’accès, voire un fauteuil électrique si vous peinez à grimper. La Seal Bay, abritant des colonies de lions de mer venus mettre bas pourra vous en mettre plein les yeux (accès avec une passerelle en bois), ainsi que le Kangaroo Island Wildlife Park. Un lieu de repos, soin et conservation de la faune endémique du continent. Les logements sur l’île sont accessibles, et insolites !
En somme, l’Australie nous a démontré qu’on pouvait voyager sans assistance, même dans les endroits les plus reculés. A vous les démonstrations de surf, visites de parcs et observation de koalas ! Notre parcours sur l’île-continent est rassemblé ici.
Globalement, les pays proposant toute cette panoplie d’accessibilité sont des pays anglo-saxons qui ont une approche différente du handicap de celle que nous pouvons avoir en France par exemple. Mais rassurez- vous, si vous préférez rester en Europe, un top 5 sera bientôt publié et sera centré sur des pays rapprochés avec la France métropolitaine !
Si c’est votre premier voyage ou si vous n’êtes pas rassurés à l’idée de devoir organiser votre voyage par vous-mêmes , nous avons la solution pour vous ! Nous avons noué un partenariat avec l’agence de voyage Nomade Aventure. Alliant nos forces respectives, nous avons co-créés des itinéraires d’aventure 100% accessibles en fauteuil roulant. Retrouvez plus d’informations et les premières destinations juste ici.
Et pour vous, quelle a été la destination la plus accessible du monde? On vous écoute dans l’espace commentaire ! Peut-être que votre expérience nous servira pour notre prochain top ?